Le propriétaire rappelle son chien, qui refuse d’obtempérer. Après plusieurs essais infructueux, il se met en colère, mais il sait qu’il ne sert à rien de se fâcher, et son appel reste enjoué, pense-t-il. Le chien revient mais s’arrête à dix mètres. Pourquoi?
Il y a communication lorsqu’une information est transmise d’un émetteur à un récepteur, de façon consciente ou inconsciente. Cette information passe par les sens. Chiens et chats communiquent peu par la voix mais sont très sensibles aux mouvements et aux odeurs. L’être humain privilégie l’usage des mots (le langage verbal) et des symboles.
Voyons quelques modes de communications privilégiés.
Les odeurs déposées dans le milieu et agissant sur l’état corporel du récepteur s’appellent phéromones. Les animaux déposent des phéromones avec leurs urines, les sécrétions de leurs sacs anaux, la transpiration de leurs coussinets plantaires. Grâce à ces odeurs, une chienne dominante empêchera une chienne soumise de venir en « chaleurs », un chien mâle dominant réduira l’expression sexuelle d’un mâle dominé.
Les humains produisent eux aussi des phéromones, dans les zones pileuses des aisselles, du pubis et dans leurs sécrétions sexuelles. Ces phéromones agissent dans l’attrait amoureux (Napoléon écrivait à Joséphine: « J’arriverai à Paris demain soir; ne vous lavez pas! »).
Les chiens ont un odorat un million de fois plus sensible que le nôtre. Ils connaissent mieux que leur maîtresse l’état de son cycle ovarien. Les chiens dominants recherchent les endroits où les humains déposent leurs phéromones, c’est à dire le fauteuil et le lit du maître, et n’hésitent pas à chaparder les sous-vêtements du maître du sexe opposé. Une hypothèse récente incite à penser que les femmes induisent les lactations « nerveuses » chez leur chienne.
Les chats communiquent par des frottements de joues, des griffades et des marquages urinaires. Nous en parlerons dans un prochain article.
Un chien ordinaire comprend une vingtaine de mots. Il extrait les mots des phrases et y réagit s’il a appris que ces mots sont associés avec des situations précises: « assis », « couché », « viens », … Mais quand il y a discordance entre le mot et le ton (« viens » avec colère), l’animal réagira au ton. S’il y a discordance entre l’expression vocale et la gestuelle du corps (« viens » d’un ton mélodieux avec un corps en colère), il réagira à la gestuelle.
Chiens et chats sont capables de discerner les ultrasons des pleurs de bébé; cela les rend mal à l’aise.
Les vocalises des chiens et des chats sont assez limitées. Les aboiements et hurlements sonores des chiens en détresse, lors d’anxiété de séparation, sont souvent très puissants. Heureusement les vétérinaires éthologistes soignent très bien cette pathologie du comportement.
Pour communiquer par des mimiques faciales et corporelles, l’animal va exagérer son intention. S’il veut apaiser, il se fera tout petit, la fasse lisse et les oreilles basses. S’il veut menacer, il se grandira, plissera la face, montrera les crocs, et dressera ses poils. Des postures sont ritualisées: en cas de conflit, se coucher sans bouger signe la soumission.
L’être humain comprend assez bien cette symbolique. Mais certaines races de chiens au poil abondant, aux babines pendantes, à la peau plissée, présentent un certain handicap d’expression visuelle. Comme ils sont souvent comme de gros « nounours », on a envie de les toucher et de les caresser, ce qui parfois est à l’origine de mésententes.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste