Whisky et Gin souillent la maison. Whisky se soulage la nuit à proximité de la porte-fenêtre qui mène au jardin. Gin lève la patte sur les pieds des chaises.
Tom, le chat mâle, même castré, continue à uriner sur les tentures. Ses propriétaires l’aiment énormément, et ont tout essayé, depuis le nettoyage jusqu’aux répulsifs pour chat, mais ils envisagent tout de même de s’en séparer. Ce serait dommage!
« Sens de la propreté ».
Un chien ou un chat est propre, au sens animal du terme, lorsqu’il élimine en dehors des lieux de couchage, d’alimentation et de jeux.
Développement.
A la naissance, chiots et chatons sont incapables d’éliminer seuls et spontanément; l’élimination est réflexe et provoquée par une stimulation du périnée, par léchage maternel. Vers l’âge de trois semaines, les éliminations spontanées apparaissent et les éliminations réflexes disparaissent. Rapidement, les petits vont tenter de respecter le nid, de le garder propre et ils vont éliminer à l’extérieur.
Vers 7 à 9 semaines, les lieux d’élimination se conditionnent, c’est à dire que chiots et chatons choisissent toujours le même endroit. Les chatons élevés avec leur mère imiteront celle-ci et iront éliminer dans un bac à litière. Les chiots feraient de même, mais ils ont rarement à leur disposition un bac à litière où un bac à sable de dimension adéquate. La tradition veut qu’on leur fournisse de vieux journaux. L’idée n’est pas tant de leur apprendre à lire mais d’espérer, en croisant les doigts, qu’ils vont éliminer sur ce substrat peu absorbant. Quand le chiot n’a pas préféré le tapis aux journaux et qu’il se conforme au désir de ses maîtres, il apprend qu’il y a un lieu de toilette dans la maison et il se conditionne à la géographie du lieu. Une fois les journaux enlevés, l’odeur ayant pénétré le sol et la géographie du lieu lui rappelant de bons souvenirs, le chiot aura tendance à maintenir son lieu de toilette en usage.
L’apprentissage de la propreté chez les jeunes animaux dépend de leurs capacités psychomotrices. Le chiot de 7 à 8 semaines peut se « retenir » quelques heures de nuit mais élimine toutes les heures en journée. Progressivement, ses capacités vont augmenter et il doit pouvoir tenir 6 à 8 heures vers 3 à 3½ mois. Le respect des locaux devrait être obtenu au plus tard à 4 mois.
Comment faire? Le plus simple est de sortir le chiot à un endroit convenu, convenant toutes les parties, régulièrement, c’est à dire au réveil, après le repas, au cours des jeux, environ toutes les heures en journée et une ou deux fois par nuit. C’est assez fastidieux. Si on ne veut pas se fatiguer, on fournira au chiot un lieu de toilette dans la maison, par exemple un grand bac de plastique (pour éviter que les odeurs ne viennent imprégner le sol) avec un substrat absorbant, comme du sable, de la litière (comme pour les chats), ou des papiers absorbants.
Malpropreté.
Il y a trois formes de malpropreté: les souillures d’élimination, le marquage et l’incontinence. Comment les différencier?
Malpropreté | Position | Lieu | Quantité | |
souillure | accroupie | volontaire | élimination au sol | grosse |
marquage | debout | volontaire | marque en hauteur | petite |
incontinence | variable | involontaire | lieu de repos | variable |
L’incontinence est une maladie d’origine somatique (vessie, intestin, lésion nerveuse, …) ou comportementale (anxiété, dépression) et doit obligatoirement être soignée par un(e) vétérinaire.
Les souillures d’élimination doivent être l’objet d’un examen vétérinaire rigoureux, parce que nombre d’entre elles sont liées à des troubles métaboliques (diabète, insuffisance rénale, diarrhée chronique par maldigestion, etc.) ou des pathologies comportementales (anxiété, hypersensibilité-hyperactivité, etc.). Certaines sont liées à un défaut d’apprentissage, l’animal ayant décrété qu’un lieu de toilette à l’intérieur lui convenait parfaitement ou que des horaires d’élimination nocturnes le satisfaisaient. Dans ce cas il faut lui réapprendre à « être propre »
- en limitant l’espace disponible quand l’animal est laissé à lui-même
- en lui laissant plus d’espace sous contrôle vigilant
- en nettoyant et désodorisant les lieux souillés (tout en évitant les produits chlorés et ammoniaqués)
- en changeant la signification du lieu de toilette (nettoyé) en lieu d’alimentation (y faire manger l’animal), de jeu ou de repos (y mettre la couche du chien).
Enfin les marquages, urinaires surtout, sont un moyen de communication, généralement d’un état d’excitation. Chez le chien, c’est surtout une marque de défi ou de provocation hiérarchique. Ces marquages sont activés par les hormones sexuelles, mais ne sont pas toujours supprimés par la castration. Occasionnels, ils sont « normaux » mais gênants; répétitifs, ils signent une pathologie comportementale nécessitant une médication.
Propreté, malpropreté: c’est une question de point de vue (besoins de l’animal, désirs de l’homme), mais c’est surtout une préoccupation de la médecine vétérinaire.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste