Le chien est un animal social, comme l’homme, si l’on peut décrire l’homme en ces termes. De plus, autre similitude, ils forment l’un et l’autre des sociétés patriarcales, c’est à dire dirigées par une figure masculine. Pour le chien, c’est « instinctif », mais pour l’homme, c’est culturel, parce que les cultures humaines ne sont pas toutes organisées suivant ce modèle macho. Le chat est moins social mais il s’adapte assez bien au milieu humain, un peu moins bien au milieu félin. Quand il forme des sociétés, ce sont des organisations matriarcales, c’est à dire centrées autour d’une figure féminine. Quelle différence!
Le sujet qui me préoccupe dans cette colonne est la complexité de ces systèmes et la réponse à donner à toute personne qui espère, en adoptant un animal supplémentaire, de résoudre les problèmes comportementaux ou relationnels de l’animal résident. Si un chien détruit quand il est seul, c’est, s’illusionnent certains, parce qu’il s’ennuie. Donnons lui donc de la compagnie … d’un autre chien par exemple. Il en résulte généralement plus de destructions. Les deux chiens s’ennuient-ils? Ou plutôt, les deux chiens s’imitent-ils?
Le nombre des relations dans un système suit une formule assez simple et exponentielle.
Dans un groupe de deux individus A et B, il y a deux relations: A>B et B>A.
Dans un ensemble de trois individus A, B et C, nous comptons 6 relations: A>B, A>C, B>A, B>C, C>A, C>B.
La formule qui permet de calculer rapidement ces relations réciproques est la suivante: X * (X-1). X c’est le nombre d’individus dans un système.
Dès lors, pour un système familial avec un couple et deux enfants et un chien (qui s’ennuie), ajouter un chien au système fait passer le nombre de relations de 20 à 30, soit un accroissement de 50%.
De la simplicité au chaos
Plus le nombre d’individus grandit dans une famille-meute, plus les relations sont nombreuses. Un système de 10 individus présente 90 relations. Le degré d’organisation de ces systèmes est de plus en plus … rigoureux. En fait, l’organisation devient soit simple soit impossible, inexistante, entraînant le chaos. Une meute d’une dizaine de chiens se doit de respecter les règles canines à la lettre sous peine d’agression, voire de meurtre d’un congénère. Une meute de trois ou quatre individus peut se permettre des entorses à la règle.
Ajouter des individus chiens ou chats à un système en déséquilibre n’entraînera que rarement un équilibre plus stable. Bien au contraire, il peut entraîner le chaos.
Une question de poids
Pour les enfants humains, on estime que la taille adulte est le double de celle de l’âge de deux ans. Qu’en est-il pour le chien? Pour la taille, on ne sait pas, mais pour le poids, on peut estimer qu’un chien de petite race obtient la moitié de son poids à 3 mois, qu’un chien de race moyenne l’obtient à 3,5 mois et qu’un chien de grande taille y arrive à 4 mois.
Et le chat? Pour le poids adulte d’un chat, on multipliera par deux le poids qu’il a à l’âge de 3 mois.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste