C’est de saison. Même si ni le chien ni le chat ne se mettent en maillot de bain sur la plage, pourquoi ne pas les faire maigrir en même temps que toute la famille?
La question semble simple, la réponse l’est elle aussi? « Si le chien – ou le chat – est obèse, il suffit de lui donner un régime minceur ». Cette réponse est simpliste. L’obésité du chien n’est pas apparue sans raison. Et la première idée qui me vient à l’esprit, c’est que le chien n’a ni acheté ni chassé la nourriture qui l’a rendu obèse, quelqu’un la lui a donnée. Le problème serait-il dès lors plus complexe? Serait-ce un problème de système familial? Etudions ces questions.
Un chien – ou un chat – peut être obèse pour différentes raisons:
- Diététique.
- Hormonale.
- Emotionnelle et comportementale.
- Familiale.
Nourrir un chien ou un chat est simple, croit on. En fait, la nutrition doit respecter certaines règles que votre vétérinaire vous expliquera volontiers. Les taux de protéines, de matières grasses et de glucides (sucres, amidons) dépendent de l’âge, de l’exercice et de l’état de santé de l’animal. Un déséquilibre alimentaire au profit des graisses et des glucides favorise l’embonpoint.
L’ingestion des aliments suit un schéma très simple: la faim déclenche la prise alimentaire qui s’arrête lors de satiété. Un animal dont la mère a eu faim pendant la grossesse, ou qui a eu faim dans ses premiers mois de vie, a des difficultés pour être rassasié. Varier les goûts des aliments casse également le processus de satiété et favorise l’excès de prise alimentaire. La fréquence des repas joue aussi un rôle. Le chien est un animal social qui mange aussi souvent que mange son groupe social. S’il voit manger ses propriétaires trois fois par jour, sans accéder à l’aliment, il aura faim. Il devrait lui aussi manger trois fois par jour. Et de nombreux petits repas facilitent la perte de poids.
Des troubles hormonaux favorisent la prise de poids. L’insuffisance thyroïdienne facilite la prise de poids ainsi que les états anxieux et dépressifs. La castration des chiens mâles a également cet effet facilitateur sur la prise de poids, alors que la stérilisation des chiennes est sans effet majeur dans ce domaine.
L’obésité émotionnelle
Une des raisons majeures pour expliquer la boulimie est l’anxiété. L’animal anxieux cherche à s’apaiser. Il a pour ce faire diverses possibilités comme fuir l’objet de sa peur ou l’agresser. Mais quand sa peur concerne des choses vagues, une appréhension générale, que pourrait il fuir ou agresser? Alors, pour s’apaiser, il se met à manger, à boire, à se lécher, à marcher sans but. Manger permet une activité masticatoire; cela consomme une certaine quantité d’énergie. Mais manger stimule aussi des centres nerveux, qui libèrent dans le cerveau des morphines naturelles, des endorphines apaisantes. En mangeant, l’animal calme son anxiété.
Faire maigrir un animal anxieux à l’aide d’un régime hypocalorique serait désastreux pour son équilibre émotionnel. Il faut d’abord et avant tout traiter son anxiété. A ce moment, son besoin de manger de façon compulsive se réduit, son appétit se stabilise. A ce moment seulement, on peut commencer à lui donner un régime hypocalorique. Bien souvent, les médicaments utilisés pour traiter l’anxiété peuvent également avoir des effets régulateurs sur le centre de l’appétit et favoriser la satiété.
L’obésité familiale
J’entends par les mots « obésité familiale » les motivations liées à l’écosystème et qui aboutissent à un animal obèse. L’être humain est un être social; les bébés sont dépendants des adultes pour leur nutrition. L’animal infantilisé, substitut d’un enfant, doit donc être nourri. L’amour et l’amitié s’expriment également par des petits cadeaux. On offre à l’animal, en gage d’amitié, de la nourriture; il apprécie. Enfin, troisième facteur, il y a des familles dans lesquelles la tendance est la ligne ronde, et non pas la ligne svelte. Dans ces familles, l’animal se doit de respecter la règle du système et de bien manger.
Les régimes hypocaloriques
Il en existe d’excellente qualité. Mais comme nous l’avons vu, le poids dépend de nombreux facteurs individuels et sociaux. Faire maigrir un animal ne peut se faire qu’en respectant tous ces facteurs. Il ne convient pas de faire maigrir un animal anxieux à l’aide d’aliments hypocaloriques, sans s’occuper de son anxiété, sinon celle-ci risquerait de s’aggraver ou l’animal se choisirait une autre activité apaisante, comme de se lécher les membres au risque de développer des lésions d’automutilation.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste