Quand le chien détruit lorsqu’il est seul, quand le chat agresse les chevilles de son maître au crépuscule, quand le chien attaque un autre chien dans la rue, quand le chat miaule la nuit pour manger, quand le perroquet s’arrache les plumes, quand … Quand un animal produit un comportement, il met en action toute une chimie cérébrale complexe. Les noyaux moteurs provoquent la mise en action des muscles qui produisent les comportements. Mais ces noyaux moteurs sont activés ou inhibés par des noyaux d’intégration, on pourrait dire les zones responsables de la « pensée ». Et ces zones sont excitées par des noyaux de décodage des informations sensorielles. En quelques mots, dès qu’un sens (vision, audition, …) est alerté, il y a production d’une émotion, d’une réflexion et d’une action. Tout cela se passe dans l’encéphale. Le cerveau est un appareillage électro-chimique complexe. Néanmoins ont peut émettre une idée simpliste: les comportements dépendent de la chimie du cerveau. Sans chimie, pas de comportement.
Le médicament du comportement
Puisque les comportements sont dépendants de la chimie du cerveau, il est séduisant de modifier les comportements en modifiant la chimie. C’est tout à fait possible.
C’est le rôle des médicaments dits psychotropes, c’est à dire qui ont un attrait pour le psychisme. Et des médicaments il y en a de toutes sortes. En pharmacie, ils sont classés en antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, régulateurs d’humeur, etc. Mais on sait désormais que les médicaments ont des actions différentes suivant la dose et suivant la pathologie. Un même médicament, disons un neuroleptique sédatif peut, à petites doses, induire des états agressifs et à forte moyenne induire un endormissement. Un antidépresseur peut faciliter l’exploration à petites doses et également endormir à forte dose.
Les médicaments
Des médicaments vont réduire la production des comportements. A la limite, ils sont sédatifs et l’animal s’endort. C’est intéressant lorsque l’animal voyage en voiture sur de longues distances ou en avion. C’est agréable lorsque l’animal produit des comportements agressifs ou destructeurs et que l’on désire empêcher cela pour un temps déterminé mais réduit. C’est absolument sans intérêt lorsque l’on veut apprendre quelque chose à l’animal, puisque ses facultés d’apprentissage sont réduites lorsqu’il … dort.
Des médicaments vont activer les productions comportementales: l’exploration, l’appétit, l’agressivité même. C’est bien entendu très intéressant lorsque le chien est anxieux et inhibé et n’explore pas son environnement, lorsqu’il souffre d’anorexie ou manque totalement de confiance en lui. Cependant ces médicaments sont déconseillés si l’animal saccage votre intérieur. Par contre ils aident souvent dans l’apprentissage de nouvelles tâches.
Une troisième classe de médicaments va réguler les comportements, c’est à dire qu’ils vont activer le chien lorsqu’il est inhibé et réduire les excès comportementaux d’autre part lorsqu’ils sont excessifs. Ces médicaments, malgré leur apparence, ne sont pas miraculeux et nécessitent 3 à 6 semaines pour montrer leurs effets.
Et la thérapie ? Indispensable !
Donner un médicament est une grande aide dans la gestion des pathologies du comportement. Mais cela ne suffit pas. Aider l’apprentissage est une chose, encore faut-il apprendre quelque chose au chien, au chat, au cheval, au perroquet, … C’est le rôle de l’éducation, et surtout des thérapies. Sans thérapie, sans investissement du propriétaire dans un changement de la relation, dans une transformation des comportements de l’animal, il n’y a pas souvent de guérison.
Le problème de comportement ne se guérit pas à coups de seringues ou de comprimés; il faut quelque part s’engager dans un processus de changement.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste .