« Docteur, je ne dors plus. Lady se réveille chaque nuit entre 2 et 5 heures » me dit cette propriétaire, le teint hagard, les yeux las.
Le sommeil de nos carnivores domestiques est peu étudié et pourtant il est, au même titre que le sommeil humain, très important. L’insomnie a des répercussions sur le chien ou le chat lui-même, mais aussi sur toute la famille.
Plusieurs éléments du sommeil doivent être analysés: la durée, l’organisation et la période qui précède l’endormissement.
La durée globale du sommeil d’un chien adulte varie entre 8 et 15 heures par jour, suivant son âge et les activités qu’on lui propose. Tout chien de compagnie normal fait au moins une sieste en journée. Si le chien dort moins que la norme, il faut penser à un syndrome hyperactivité ou à une dépression chronique. S’il dort plus que la norme, il faut envisager une dépression aiguë.
Le sommeil est organisé en plusieurs périodes. Après l’endormissement, le chien ou le chat passe en sommeil léger (il est facile de l’éveiller) puis en sommeil profond (il est assez malaisé de le sortir de ce sommeil); après cette phase de sommeil profond d’une durée de 45 à 90 minutes, l’animal présente des mouvements de pédalage, des vocalises, des grognements, des mouvements des yeux et des oreilles, caractéristiques du sommeil paradoxal, appelé aussi état de rêve. Ensuite il fait un nouveau cycle: sommeil léger, sommeil profond, rêve. C’est entre deux cycles généralement que l’animal s’éveille en fin de nuit.
Des réveils nocturnes fréquents toutes les 90 à 120 minutes feront penser à un syndrome anxieux. Dans certains cas, le cycle du sommeil n’est pas respecté: l’animal s’endort en rêve et se réveille souvent, comme s’il souffrait de cauchemars. Dès lors, il essaie de ne pas s’endormir, il est inquiet, gémit, s’agite, parfois émet des urines ou des excréments. Dans ce cas, on peut déjà parler de dépression chronique.
Le sommeil est étudié au cours des consultations de comportement. C’est un paramètre important qui peut signer un état pathologique. Une fois le diagnostic réalisé, le vétérinaire peut proposer des traitements. Il est assez rare de travailler avec des somnifères car le sommeil est rarement modifié sans que l’animal ne souffre d’autres perturbations comportementales, comme son niveau général d’activité, la présence de comportements de peur, des perturbations alimentaires, des comportements d’agression, etc. Certains médicaments vont réguler en parallèle les troubles du sommeil et les autres comportements pathologiques. C’est le cas de la sélégiline (Selgian, nouveau médicament pour les troubles émotionnels du chien), ainsi que de nombreux antidépresseurs, sans avoir la nécessité de recourir aux drogues pour lesquelles il y a des effets de dépendance. Il faut envisager ces nouveaux médicaments, non pas comme des sédatifs, mais bien comme des régulateurs de la chimie cérébrale.
Pour le chat, le lieu de couchage est souvent un signe mineur. Cependant, un changement de lieu, par exemple un éloignement de la compagnie du propriétaire, peut s’avérer être un signe d’une altération psychologique, comme une anxiété ou une dépression.
Le lieu de couchage est, par contre, très important, chez le chien. Le chien dort socialement. Le dominant aura tendance à dormir là où il peut surveiller les passages et les issues, mais aussi là où il peut contrôler ce que font les habitants. S’il est avide de séjourner en chambre, il préférera sans doute le long du lit à proximité du propriétaire du sexe opposé, le seuil de porte ou le palier de nuit.
Quand le chien dort toujours avec la même personne, et qu’il s’angoisse à être à distance d’elle, il faut envisager un hyperattachement, signe d’une anxiété importante puisque le chien, immature, est alors incapable d’autonomie.
Le chien ou le chat qui prend de l’âge présente souvent des altérations de nombreux comportements parmi lesquelles des perturbations du sommeil. Avant toute administration de somnifères, un diagnostic s’impose. S’agit-il d’une dépression, d’une insuffisance thyroïdienne, d’une autre perturbation hormonale, d’une affection tumorale ou autre? Avant de dire « c’est dû à l’âge » ou « c’est parce qu’il est vieux », avant d’euthanasier ce compagnon de toute une vie, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire afin qu’un diagnostic soit réalisé. Dès ce moment, il sera sûrement possible de soigner, d’améliorer la condition générale et de donner un confort agréable pour tous – animaux et humains – au cours de ces dernières années de vie en commun.
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Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste