Animaux-cadeaux
Qu’offrir à grand-mère qui vit seule? Pourquoi ne pas offrir un chien au petit Jules qui en réclame un depuis trois ans? Et faut-il donner un chaton à Sophie qui caresse tous les chats qu’elle rencontre dans la rue? Et va-t-on acheter ce cheval pour Hélène qui en rêve jour et nuit, travaille à nettoyer les boxes tous les week-ends pour avoir l’occasion de trotter et galoper quelle que soit l’humeur du temps? Et, sans clôturer cette liste, offrira-t-on un copain à quatre pattes à son chien, un serin en cage ou un poisson rouge en bocal à son chat qui s’ennuie dans un appartement vide ou rien ne bouge?
Avant que le cadeau ne se transforme en cauchemar, réfléchissons ensemble.
L’animal peut être envisagé comme un objet de coût et d’encombrement variables. Outre le coût d’achat, qui est réduit pour le destinataire à qui l’animal est offert, il y a le coût d’entretien. C’est un peu comme offrir un mobylophone sans offrir en même temps l’abonnement et le prix des communications. Le coût d’acquisition est dérisoire par rapport au coût d’entretien. Et contrairement au téléphone cellulaire que l’on peut laisser dans un tiroir sans s’en servir, l’animal requiert des soins immédiats et permanents, ne fut ce que des aliments pour survivre. Et tout nouveau chien doit être désormais identifié, par transpondage (puce électronique) ou tatouage. Offrir un animal revient dès lors à imposer une charge financière au destinataire du cadeau. Il est alors préférable d’offrir un animal et un compte en banque avec une provision financière.
L’animal bouge , il produit du mouvement. C’est ce que l’on recherche pour grand-mère, sans doute; promener un petit chien ne peut que lui faire du bien pour son rhumatisme ou observer un chaton cavaler dans son appartement (même s’il renverse l’un ou l’autre objet de collection) est un ravissement et un enrichissement intellectuel et esthétique. A-t-on le droit éthique d’imposer à qui que ce soit une nouvelle façon de vivre?
Si l’animal engendre un état de bien être affectif et un enrichissement du milieu de vie, il produit aussi des déjections . Qui va gérer le chien de grand-papy quand ce dernier sera immobilisé par une crise de goutte? Qui va sortir 4 à 5 fois par jour le chien du petit Jules qui est à l’école? Et qui va nettoyer les salissures?
En ne prenant que ces trois exemples, on se rend aisément compte que l’animal entraîne une obligation d’ organisation , de financement et de gestion quotidiennes dont est co-responsable la personne qui décide d’offrir le cadeau.
L’animal est un sujet vivant. Il ne s’agit pas d’un robot, d’une peluche mécanisée, d’une poupée gonflable, d’un jouet que l’on peut remiser dans un tiroir quand il est cassé. En tant qu’être vivant, l’animal a des droits . On ne peut pas en abuser, on doit lui garantir ses besoins minima d’existence en accord avec les besoins physiologiques de son espèce, de sa race: alimentation, mouvements, interactions sociales, amitié, caresses… Celui qui ne respecte pas les droits de l’animal tombe sous le coup de la Loi et de la justice pénale et risque des amendes et des peines de prison.
Et comment garantir ce droit au bonheur de l’animal et de la famille qui l’accueille?
Quelles solutions pouvons nous proposer à ce sujet épineux?
La solution que je vous propose est d’offrir l’argent de l’animal-cadeau et de laisser à la personne la décision finale et la responsabilité morale et légale. En alternative, offrez donc des livres, des jeux de réflexion, des cassettes vidéos ou des cd-roms sur les animaux, sur leur développement et leur comportement, afin de mieux les connaître et de permettre au futur adoptant de faire un choix adulte en toute connaissance.
Et sachez que les vétérinaires vous accueilleront gracieusement pour une courte consultation avant l’acquisition d’un animal.
Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste